S'occuper les mains, s'occuper l'esprit
Parfois l'hiver, avec ses jours étrécis d'ombre,
nous enferme en nous-même comme en un sarcophage
C'est une image violente et dont il faut sortir
En fait l'hiver nous enferme en nous-même
Comme une bête en cage
Nos pensées se mordent la queue
Dans les méandres du cerveau
L'obscurcissant vainement
Tant ces pensées sont stériles
Alors il faut agir, faire, laisser une trace,
Du concret
S'extirper de cette glu poisseuse
Préparer les jours de mimosa
Et de jacinthes
Les matins des premiers chants d'oiseaux
J'ai pris des gouges et un pyrograveur
Des morceaux de bois
De l'encre, du papier
Une cuiller
Et j'ai creusé, gravé, encré
J'ai essayé
J'ai pris aussi une vieille boîte
Un présentoir à papillons
Une collection de lunettes anciennes
Des plumes et des pinceaux
Et j'ai joué
Pour donner de la couleur aux jours
Pour ordonner les heures
Mettre en musique la sortie de l'hiver